HURRICANE CARTER 



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Promis à un brillant avenir dans le monde de la boxe professionnelle, Rubin « Hurricane » Carter voit son ascension brutalement stoppée par sa mise en accusation dans une affaire où trois personnes ont trouvé la mort. Il est aussitôt emprisonné, et après avoir été jugé coupable, il entame le plus difficile combat de sa carrière.

Hurricane Carter est le récit d’une existence avortée et de la lutte d’un homme qui tente de survivre à la condition carcérale. Carter, qui clame son innocence, tente de faire rouvrir son dossier à plusieurs reprises, mais la tâche est ardue. Norman Jewison réalise un film qui fonctionne sur deux niveaux : le premier est celui de l’enquête, qui retrace la tragédie du bar, l’arrestation de Carter et de l’homme qui l’accompagnait, le passage devant les tribunaux... Et la réouverture du dossier, avec la collecte des nouvelles preuves, les coups bas d’un ennemi invisible... Ce niveau du film est intéressant et permet une relecture de l’affaire Carter. Il nous éclaire sur les faits et sur le climat social de l’époque, en 1967. Le deuxième niveau est plus humain, et dévoile les pensées et les sentiments qui habitent Carter. Carter qui tente de ne pas perdre la raison, Carter qui doit trouver le moyen de supporter l’enfermement. Carter qui doit refuser une vie normale. Norman Jewison parvient à créer de l’émotion à travers l’évocation de ce personnage déchu, que Denzel Washington interprète avec force et subtilité. L’émotion est aussi présente entre le prisonnier et Lesra, le jeune homme qui va tenter de le libérer.

Hurricane Carter est un bon film, même si l’on peut lui reprocher plusieurs choses : tout d’abord, une déformation des faits (le personnage de Della Pesca, incarné par Dan Hedaya, est, paraît-il, totalement fictif), qui a pour seul but d’augmenter la charge émotive du film. C’est vrai que cela renforce l’aspect dramatique, mais ça n’est pas très honnête... Et ensuite, justement, des débordements dans l’utilisation de l’émotion. Le jeu de Denzel Washington est assez juste pour être efficace, et la réalisation de Jewison donne lieu à des sentiments puissants qui tiennent finalement à peu de choses, comme ce plan où les ombres des Canadiens s’agitent pour saluer Carter. C’est l’un des moments très fort du film, où le réalisateur parvient à retranscrire  en images quelque chose d’indescriptible et de profondément humain. Mais parfois, il y a une mise en scène excessive où Jewison appuie un peu trop sur l’émotion, où il y a trop de musique pour souligner la tristesse, et cela contre l’efficacité du film. Hurricane Carter oscille donc entre le film hollywoodien standard et le grand film dramatique.

L’un des aspects les plus intéressants du film concerne la fonction du livre, qui permet une transmission de pensée entre Carter et Lesra au-delà des murs de la prison et au-delà du temps. Il y a quelque chose de magique dans ce livre, qui sera l’arme la plus efficace de Rubin « Hurricane » Carter.

Didier Tasinato 

d_tasinato@hotmail.com 


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© Maurice Bourdon 2000/03